Désordre
Concentrée depuis déjà longtemps sur la grosse affaire de la saison, le spectacle de Noël (te souviens-tu, lecteur ancien, de la Rue des Oiseaux, du géant, de la grand-mère ?) le seul que je vende en plusieurs exemplaires, celui sur lequel je passe le plus de temps, de travail et d'attention, vaguement inquiète à l'idée de ne plus avoir d'idées qui tiennent la route, fixée depuis longtemps sur la belle occasion d'utiliser la belle ourse d'occasion qui occupe mon bureau depuis des mois (l'Ours l'a dit : c'est une ourse), réjouie par avance d'utiliser la machine à étoiles conseillée par Fidel, j'ai trouvé, Ô miracle renouvelé de l'imaginaire castorien (aurais-tu fait mieux, lecteur ironique ?) le titre.
Devine ?
Ca sera :
LA GRANDE OURSE.
Puis j'ai attendu.
C'est comme ça, il me faut attendre que ça vienne.
Que ça tombe, morceaux par morceaux, à la gym, en épluchant des pommes, en badant, en lisant des bêtises sur les blogs (non, pas le tien, celui des autres).
N'importe quand, n'importe où.
Mais l'angoisse est là : Si ça ne venait pas ? Si j'étais un imposteur (pas de féminin à imposteur), une marchande de rien du tout, de vide ?
J'ai attendu.
Et c'est venu.
C'est flou, on ne voit pas bien ni les contours ni le résultat final, mais les histoires arrivent, pas toutes (en général, il faut 4 ou 5 histoires à ligoter ensemble), mais elles sont là.
J'ai inventé la principale (pas très originale, mais tous les contes se ressemblent) qui servira de prétexte, d'emballage aux autres contes (trouvé 2, j'en attend un autre).
Un exemple de ce qui « vient tout seul et sans forcer c'est-y pas beau ? » :
L'autre jour, aux Oules, je ramasse une branche en forme de cornes, avec l'idée de la mettre sur la tête de la grande Ourse, comme un déguisement. A la maison, j'essaie, je ne suis pas convaincue (je garde cependant l'idée du « déguisement de l'Ourse »)
Hier, grand jeu, je fais le tour des étagères à livres de contes et autres albums (dont mes Père Castor), j'empile, je lis, je relis, je cherche, et je trouve deux contes qui conviennent à l'ambiance que je veux donner au spectacle.
Et bien, dans une des histoires, un personnage traverse un lac en portant un morceau de bois en forme de cornes, pour tromper l'ennemi.
Voilà ma corne engagée.
Confus et embrouillés, les morceaux arrivent dans le désordre, un vrai sac de noeuds avec de belles ficelles dedans.
Il se trouve que j'aime défaire les noeuds, dénouer les ficelles, enrouler les pelotes.
C'est peut être ça, finalement, raconter des histoires. Mettre un peu d'ordre et de sens dans ce qui ressemble de loin à un tas informe.
Souffler sur le brouillard, allumer une petite lampe, gérer le foutoir, agiter le chaos, puis rester là, attendre, laisser venir.
Tu as lu tout ça ? Rien que pour toi, en cadeau, les toutes premières images du casting :
Il y a du beau monde, non ? (ce n'est qu'une première rencontre, il y aura des choix à faire)
Le travail commence, chouette, on va bouffer de la Grande Ourse, tu peux me croire.