Du coq à l’âne
Il n'y a pas longtemps, j’ai raconté pour un jeune public des histoires réparties en deux interventions.
Je venais de raconter Souchinet, en bref une histoire de dévoration, un « faux » bébé de bois taillé dans une souche avale tout ce qui passe, y compris sa maman et son papa. A la fin il éclate en mille morceaux et libère tout le monde. Pendant l’intermède, un petit garçon (moyenne ou grande section de maternelle) l’air inquiet, est venu me dire que lui non plus, il n’était pas un vrai petit garçon. Je lui ai demandé son prénom, un vrai prénom de petit garçon, lui ai expliqué qu'il était bien un petit garçon qui aimait ses parents, et que jamais il ne mangerait ni l’un ni l’autre. J’ai repris avec lui la fin de l’histoire, et je peux dire qu’après notre discussion son beau regard bleu s’était considérablement allégé. Une petite fille (CM1 peut être, donc plus grande) qui avait tout écouté m’a raconté quant à elle que ses parents avaient emprunté à la médiathèque un film, l’histoire d’une fille que son père voulait épouser. J’ai vite compris qu’il s’agissait du Peau d’Âne de Jacques Demy, nous avons évoqué la fée marraine (merveilleuse Delphine Seyrig) qui explique à Peau d’Âne ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. D’autres enfants étaient là, qui ont profité de ces échanges importants.
Hier soir, dans un téléfilm consacré à la Princesse Marie Bonaparte (jouée, joli hasard, par Catherine Deneuve) et à ses liens avec Sigmund Freud, il a été dit, grosso modo, que l’anthropophagie et l’inceste sont deux tabous majeurs de l’humanité.
Si je doutais encore du pouvoir des contes, me voilà avertie.
Bons vieux contes du vieux petit temps, bon vieux Sigmund.