le bec dans l'eau
Je te dois, lecteur, une explication sur précédent billet.
Jeudi dernier, j’étais invitée par la DLL de Nîmes à présenter un extrait de spectacle devant un public de bibliothécaires du département à l'occasion du forum des animations. Le spectacle choisi était : « Pelotes et parlote », un montage d’histoires sur fil, tricot et autres araignées, racontées devant mon grand tricot d’une année déployé sur un paravent.
Naïve je suis et naïve je resterai, d’avoir pu croire qu’à lui seul le tricot emporterait la mise et déclencherait sur les spectateurs un semblant d’intérêt et de curiosité ; d’avoir cru que je savais raconter les histoires à peu près correctement - après avoir entendu les autres je sais qu’il n’en est rien - d’avoir oublié que les cheveux gris et l’approximation ne peuvent rien devant le talent extraordinaire et la jeunesse des personnes qui m’ont succédé. Si bien qu’au moment où, logiquement, les bibliothécaires - un public charmant et très attentif au demeurant, qu’elles en soient remerciées – auraient pu s’avancer vers mon coin de table, prendre ma carte ou un des petits dossiers que j’avais préparés – et qui allumeront le feu un de ces matins – elle se sont agglutinées devant la table de mes voisines qui le méritaient, vraiment.
Personne n’a feuilleté l’album du tricot, ni demandé quoi que ce soit, les yeux glissaient sur moi comme sur le vide, vertige, et je nous ai revus, Fidel et moi, jeunes et pleins d’espoir, vendant sur les marchés nos jouets en bois, quand les badauds passaient sans même nous accorder un regard, comme si nous n’existions pas, jetant à bas la confiance que nous avions mise en nous-même. Mais nous étions jeunes et l’espoir a fini par payer.
Jeune je ne suis plus, et mon espoir de vendre deux ou trois fois ce petit spectacle a été mis à bas, jetant un gros doute sur l’intérêt qu’il y a à poursuivre mon activité. Ca t’occupe, dirait mon beau-frère. Mais c'est Fidel qui a raison, quand il dit que j’agite des chimères.
J’ai une consolation, mon cher Trésor des Contes et le livre passionnant que Bernadette Bricout lui a consacré. Je plonge et replonge, je lis je relis je feuillette et je trouve des pépites, tout en faisant rouler le fauteuil à bascule devant le feu qu’un de ces matins j’allumerai avec ces papiers inutiles.
Merci, mes lecteurs chéris, pour vos mots pansements, mots de miel, mots doux et mots consolants.
Je me remettrai, et à l’ouvrage et de cette vilaine déconvenue pleine d'enseignements qu'il me reste à déchiffrer.